Bartillat Edition
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L

ISBN : 2-84100-371-X
Parution : 19/01/2006
Prix : 20 €
210 pages
Format : 12,5 x 20

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L'Étonnant voyage des mots dans les langues étrangères
Franck Resplandy

Ce livre recense un grand nombre d'expressions et de mots d'origine française, utilisés dans des langues étrangères à travers le monde, dont le sens a changé ou l'usage disparu en français. Avec humour et précision, Franck Resplandy retrace les surprenants itinéraires de ces termes familiers qui font sourire dans leurs “nouveaux habits”. Ainsi que l'auteur nous y invite, ce livre peut être lu comme un voyage dans le temps et l'espace.



Presse

Bistecca alla Robespierre

Pierre Assouline

La République des livres, 26 avril 2006

     A l’heure où l’anglais d’aéroport triomphe un peu partout dans le monde, on sait peu que de fameux noms français se sont imposés à l’étranger dans le langage courant. Dans un recueil astucieux qui vient de paraître sous le titre L’étonnant voyage des mots français dans les langues étrangères (200 pages, 20 euros, Bartillat), Franck Resplandy se livre à un inventaire à la Prévert. Le résultat de cette enquête linguistique est réjouissant.

    On apprend ainsi qu’en roumain, un « Alain Delon » désigne un trois-quarts en daim avec doublure en fourrure depuis les 60, époque à laquelle Rocco et ses frères fut un des rares films occidentaux à passer à travers les mailles de la censure ; mais en russe, un « Alen Delon » évoque plutôt un bel homme présomptueux, ce qui tombe sous le sens. Brigitte Bardot n’est pas en reste, du moins en polonais, puisqu’un soutien-gorge pigeonnant s’appelle là-bas un « bardotka ». Ils sont bizarres ces polonais puisque pour évoquer un képi, ils n’ont rien trouvé de mieux que de dire « degolowka », mot forgé d’après un certain de Gaulle, Général de son prénom, dont la visite officielle en 1967 laissa une forte empreinte dans tout le pays. Les Russes disent un « belmondo » quand ils parlent d’un homme si avantagé qu’il se croit irrésistible, et une « belmonda » quand il s’agit d’une femme. Chez nous, l’évocation du géologue Elie de Beaumont évoque un grand nom de l’aristocratie, quand chez les Anglais, « beaumontage » se rapporte à un mastic à reboucher. 

 La fortune patriotique de Nicolas Chauvin, grognard présumé de la Grande Armée, a même perduré outre-Rhin, quoique dans un sens plus extensif, puisqu’en Allemagne un « chauvi » est un phallocrate, et en Autriche un xénophobe qui n’aime que les Autrichiennes de souche ! Nous tâcherons d’y penser lors de notre prochain séjour là-bas. Mais ce n’est pas toujours évident : que les Espagnols qualifient les poignées d’amour de « michelines » en hommage à Bibendum de Clermont-Ferrand, passe encore ; mais que les Allemands désignent de fines moustaches comme des « menjoubärtchen » en s’imaginant que chacun a encore à l’esprit celles de l’acteur Adolphe Menjou, c’est assez optimiste. Quant à ce que nos rockers appellent une banane, les Américains l’appellent une « Pompadour ». En Italie, la « bistecca alla Robespierre » est servie en tranches bien saignantes, les républicains apprécieront cette délicatesse, et la « camicia alla Robespierre » est une chemise dont l’encolure est taillée très large, sait-on jamais. Quant aux danois, encore eux, pour désigner un proxénète, ils n’ont rien trouvé de mieux qu’un « Alphonse » ! Pour punir ce blasphème, les héritiers de Boudard devraient lancer une fatwa dans le Milieu à Copenhague. Car enfin faut-il être bushé pour ne pas comprendre que nous sommes chacun le benladen d’un autre ? Désormais, nous marchons sur des œufs avec la langue. Le principe de pré-précaution est de rigueur : l’époque est bien révolue où l’ont pouvait lancer « Y’a bon B…" sans malice.

       Il faut se dépêcher de dire que dans sa pièce sur le fanatisme, Voltaire appelle les musulmans des "mahométans » avant que cela ne devienne illégal. J’ai essayé d’expliquer le phénomène à des Anglais incrédules : non seulement ils ne voient toujours pas pourquoi nous avons fait un tel ramadan avant de leur envoyer Tariq, mais ils se désolent de ce que, chez nous tout autant que chez eux, on ne blaire plus leur premier ministre. Le jour où l’on verra un belmondo déambuler, vêtu d’un Alain Delon et coiffé d’un degolowka, l’Europe sera enfin une réalité.

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