Bartillat Edition
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ISBN : 2-84100-378-7
Parution : 01/09/2006
Prix : 20 €
352 pages
Format : 12,5 x 20
Préfacier : Ghislain de Diesbach

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Dictionnaire du snobisme
Philippe Jullian

Le terme “snobisme” se répandit en Angleterre où une bourgeoisie nombreuse et riche depuis peu était éblouie par une opulente aristocratie. Il n'a pas manqué de traverser la Manche. “Le son même de snob qui commence en sifflement pour finir en bulle de savon, le destinait à une grande carrière dans le domaine du mépris et de la frivolité.” Philippe Jullian s'emploie ici à illustrer les traits de caractère, modes de vie et comportements d'un monde où cette attitude s'immisce partout.



Presse

Le snobisme est un humanisme

Pierre Assouline
La République des livres, 22 septembre 2006

     Qui lit encore Philippe Jullian ? Qui se souvient même de son nom… Pourtant, il est mort en 1975, autant dire hier. De toute façon, de son vivant, il était aussi discret qu’il l’est depuis sa disparition. Pas du genre à rouler des méninges sur un plateau de télévision. C’était un auteur rare, pétri de dons divers, qui dessinait avec autant de grâce et d’humour qu’il écrivait. On lui doit des livres très fins sur les meubles (sa passion), les Mémoires d’une bergère, des biographies subtiles de D’Annunzio, Jean Lorrain, Oscar Wilde et Robert de Montesquiou, un scrapbook Lorsque Maisie dansait (réédité par Salvy en 1990), un album sur les styles (réédité par La Promeneur en 1992). Sa bibliographie témoigne de sa passion pour les symbolistes, la brocante, l’Art nouveau et la Café-Society. Il y avait du Mario Praz en lui, à supposer que le nom de celui-là aussi dise quelque chose à plus de quelques uns. Voyez comme la lecture de son Dictionnaire du snobisme (350 pages, 20 euros, Bartillat) est contagieuse… 

 Le livre avait paru la première fois chez Plon en 1958. Parfois, ça se sent. Quelques références à des hommes politiques bien oubliés, des allusions à Marie-Chantal. Mais c’est infime. Le reste est intemporel et universel dès lors que l’on se considére de tous temps comme le centre du monde. C’est une chronique piquante et parfois mordante du petit milieu cosmopolite parisien des années 50. Gardons-nous pourtant d’en faire "une histoire de duchesses" comme certains le crurent de prime abord d’A la recherche du temps perdu à peine survolé. C’est fin, drôle, édifiant. Philippe Jullian ne se prend pas au sérieux mais son information est toujours sûre ; on sent qu’elle a été personnellement éprouvée. Il y a des paragraphes bien trouvés sur la disparition du snobisme en Allemagne au profit de rustres ayant réussi dans les affaires, l’indécence qu’il y a dans un dîner anglo-saxon à quitter l’aparté pour se joindre à la conversation générale, le snobisme des valets pire encore que celui de leurs maîtres, le raffinement pénible de certaines collections, la disqualification automatique de ceux qui disent "hôtel particulier" en lieu et place de "maison", la qualité exclusive de noble attribuée au chef de famille en Angleterre, l’antisémitisme comme la forme la plus odieuse et la plus achevée du snobisme américain, le temps nécessaire à la patine des faux titres, la mystique et l’ésotérisme de l’initiation au snobisme, enfn la solitude du snob en dehors de son cercle magique. On en conclut que le faubourg Saint-Germain devrait se cotiser afin d’élever une statue à Proust en face de l’église Saint-Clotilde avec cette plaque :" Au restaurateur du prestige aristocratique, le gratin reconnaissant". Ce serait la moindre des choses. Mais ce monde là est généralement si suffisant, si rempli de son importance et de généalogie, qu’il se donne rarement la peine de lire. La Struggle for High-Life est une si accaparante lutte pour une situation mondaine qu’elle occupe une existence. Il est vrai que s’il découvrait Le Livre des snobs de l’excellent Thackeray, ce petit monde en avalerait sa fourchette. Le duc de Doudeauville prévenait ainsi une de ses parents à la veille d’un petit mariage : "Un an de bonheur et toute une vie de bout de table". Ces gens sont ainsi et Chamfort n’avait pas tort de les résumer d’un trait :"Les gens du monde ne sont pas plutôt attroupés, qu’ils se croient en société". Un microcosme qui se donne pour une élite parce qu’il est fier de ses aïeux plutôt que de ses relations. Le gratin s’est intoxiqué de sa splendeur passée. Dans ses murs, le moindre fauteuil se prend pour un trône. Le malheureux, s’il savait ! Au snobisme du petit-restaurant-où-l’on-mange-comme-nulle-part-ailleurs (et qui pourrait tout aussi bien désigner un fastefoud, au fond), toujours préférer le snobisme du raffinement dans la simplicité. Ou la provocation à la Boris "j’suissnooooob" Vian faisant pipi sur les tapis, se roulant dedans en poussant des cris et regardant la télévision de dos. On aura compris que si certains persistent à voir dans le snobisme un déclieux anachronisme, on aurait tort de le réduire àla mondanité ; ses rituels d’exclusion et ses rites initiatiques se retrouvent aussi bien dans le monde des affaires que dans celui des Arts et Lettres, dans le milieu de la haute cuisine et dans celui de la mode. Ravages de l’esprit happy few, expression importée par Stendhal d’Angleterre, du Henri V de Shakespeare plus précisément ("we few, we happy few, we band of brothers !")

     A propos, et le mot "snobisme" ? Que signifie-t-il au juste et d’où vient-il exactement ? Là encore, il y a deux manières de répondre. Soit, dans l’acception courante, on dit qu’il vient de "s.nob", autrement dit sine nobilitate ainsi qu’à l’université d’Oxford on rangeait les étudiants qui n’étaient pas issus de l’aristocratie. Du moins les Français en sont-ils convaincus. Mais les Anglais, eux, savent bien, que l’origine est un peu plus ancienne et déplacée géographiquement : c’est par ce mot qu’en 1797 on désignait les habitants de Cambridge par opposition aux étudiants de la ville. Aussi, si l’on est vraiment snob, on prendra le parti de Cambridge contre celui d’Oxford. Surtout si l’on est du Tout-Paris international, tendance Café society quand bien même l’époque l’aurait-elle dégradé en Nescafé society. Louons Jean-Louis Curtis qui décrivait le snobisme comme une passion chez les sots, une politique pour les habiles et un jeu pour les meilleurs.

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