Bartillat Edition
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L

ISBN : 9782841004645
Parution : 06/01/2022
Prix : 13 €
390 p. pages
Format : 11,5 x 18
Préfacier : François Broche

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Les Déracinés
Maurice Barrès

Paru en 1897, ce roman, premier volet du Roman de l'énergie nationale, compte parmi les plus célèbres de Barrès. L'intérêt est que son point de vue ne se limite pas à un seul personnage, mais à un groupe de sept jeunes gens, dont il va raconter le départ pour la vie au début des années 1880. Sept personnages sont campés : François Sturel, proche de Barrès, romantique et nerveux ; Maurice Roemerspacher, esprit solide, marqué par le bon sens de son grand-père ; l'arriviste Suret-Lefort ; Henri Gallant de Saint-Phlin, héritier d'un domaine, terrien par vocation ; Racadot, descendant des esclaves et des serfs ; deux boursiers enfin, Renaudin et Mouchefrin.
Tout commence au lycée de Nancy où ils suivent les cours du professeur de philosophie, Bouteiller, représentation du kantien républicain. Ce dernier, appelé à Paris par Gambetta, entraîne à sa suite les garçons qui découvrent, à la manière d'un roman de Balzac, les combats de la vie et de l'affirmation de soi. Une jeune princesse arménienne sera assassinée par deux personnages.
Dans ce roman, Barrès a exposé toute sa doctrine nationaliste, ses doutes devant le monde moderne et sa quête d'un enracinement : la Lorraine sera pour lui cette terre où s'accomplir. Trois grands moments ponctuent le livre : la rencontre avec Taine, l'auteur des Origines de la France contemporaine, le rassemblement des garçons au tombeau de Napoléon aux Invalides et les obsèques de Victor Hugo.
                         
Maurice Barrès (1862-1923) est l’auteur du Culte du moi, de Du sang, de la volupté et de la mort, de La Colline inspirée et de nombreux autres livres qui ont profondément marqué l’histoire littéraire. Son œuvre et sa pensée sont aujourd’hui redécouvertes.



Résumé

Paru en 1897, ce roman, premier volet du Roman de l'énergie nationale, compte parmi les plus célèbres de Barrès. L'intérêt est que son point de vue ne se limite pas à un seul personnage, mais à un groupe de sept jeunes gens, dont il va raconter le départ pour la vie au début des années 1880. Sept personnages sont campés : François Sturel, proche de Barrès, romantique et nerveux ; Maurice Roemerspacher, esprit solide, marqué par le bon sens de son grand-père ; l'arriviste Suret-Lefort ; Henri Gallant de Saint-Phlin, héritier d'un domaine, terrien par vocation ; Racadot, descendant des esclaves et des serfs ; deux boursiers enfin, Renaudin et Mouchefrin.
Tout commence au lycée de Nancy où ils suivent les cours du professeur de philosophie, Bouteiller, représentation du kantien républicain. Ce dernier, appelé à Paris par Gambetta, entraîne à sa suite les garçons qui découvrent, à la manière d'un roman de Balzac, les combats de la vie et de l'affirmation de soi. Une jeune princesse arménienne sera assassinée par deux personnages.
Dans ce roman, Barrès a exposé toute sa doctrine nationaliste, ses doutes devant le monde moderne et sa quête d'un enracinement : la Lorraine sera pour lui cette terre où s'accomplir. Trois grands moments ponctuent le livre : la rencontre avec Taine, l'auteur des Origines de la France contemporaine, le rassemblement des garçons au tombeau de Napoléon aux Invalides et les obsèques de Victor Hugo.
                         
Maurice Barrès (1862-1923) est l’auteur du Culte du moi, de Du sang, de la volupté et de la mort, de La Colline inspirée et de nombreux autres livres qui ont profondément marqué l’histoire littéraire. Son œuvre et sa pensée sont aujourd’hui redécouvertes.

Presse

Philippe Lançon dans Libération le 3 juin 2010:

Maurice Barrès à la racine

Une jeunesse aux abois

                                

Par PHILIPPE LANÇON

Maurice Barrès Les Déracinés Préface de François Broche. Bartillat «Omnia», 370 pp., 13 €

 

En 1897, un esthète lorrain de 35 ans publie, premier d’une trilogie, le roman à substrat autobiographique qui le rendra célèbre : les Déracinés. Sa republication permet de s’interroger sur la manière dont un livre gonfle sous l’haleine d’une époque, pour être crevé par celles qui suivent.

Maurice Barrès décrit, sur un mode balzacien emphatique et désabusé, la jeunesse d’un groupe de lycéens de Nancy que la vie parisienne (pensions de famille, petites putes, misère en milieu étudiant, presse compromise et déjà aux abois financiers, manœuvres politiques) va éprouver et dégrader. La question du livre reste à la mode  : c’est celle du conflit entre les «racines» et la nation, révélé par l’éducation et la transmission.

Reflets. Les Déracinés commence en 1879 par une description extraordinaire, et extraordinairement datée, du professeur de philosophie de la petite bande, le futur député Paul Bouteiller : «Ce jeune homme au teint mat, qui avait quelque chose d’un peu théâtral, ou tout au moins de volontaire dans sa gravité constante et dans son port de tête, fut confusément l’initiateur de ces gauches adolescents. La jeunesse est singe : on cessa de se parfumer aux lycées de Nancy, parce que Paul Bouteiller, qui n’avait pas le goût petit, séduisait naturellement.» «Gauches adolescents», «gravité constante», «goût petit» : c’est au choix et au placement des adjectifs qu’on sent d’abord tout le sépia d’un style. Ils deviennent des notes de trop. La phrase moisit par eux. Des générations ont aimé ce style chargé. Gide et l’équipe de la NRF l’ont décapé, l’oreille a changé. De quelle façon sera datée, dans un siècle, la sobriété et l’unité de ton actuelle - nouvelle forme, blanche et à pudeur ostentatoire, du bon goût ? C’est une question que posent les reflets des Déracinés.

Le roman se referme en 1885 sur une formidable description des funérailles de Victor Hugo : «A une heure cinquante, on affichait cette phrase laconique, plus émouvante qu’aucun pathos travaillé : "Victor Hugo est mort à une heure et demie." Le Palais-Bourbon se vida sur la maison mortuaire ; les parlementaires couraient au cadavre, pour lui emprunter de l’importance […] Dans tout l’univers, averti par les dépêches, les témoignages se composaient et allaient affluer. Bienfaisants car, à les lire, et d’amour pour la gloire, des larmes ont monté de certains cœurs.» La dernière phrase, suspendue comme un beau geste un peu trop affecté, c’est tout le syle de Barrès. Elle ouvre des pages qui sont, avec la visite du philosophe Hyppolite Taine à l’un des élèves de Nancy, ce qui justifie la lecture de ce cabinet de curiosités.

La description de la fin de Hugo est liée, de manière virtuose, à l’entrefilet signalant le meurtre d’une jeune femme turque. Deux des ex-étudiants l’ont tuée pour voler ses bijoux. Le meurtre, sordide, en bord de Seine, est longuement décrit. Voici la femme qui va mourir : «Un oiseau, un lophophore, vert et bleu, de ses ailes repliées, la coiffait. Sur une robe de dentelle noire, ou verte en carré, et dont les manches venaient au coude, elle avait une jaquette de velours à côté, de nuance tourterelle.» C’était le temps sans images où les mots faisaient du bruit tous seuls.

Et voici la femme qui meurt : «Ainsi sanglante eut-elle le temps de penser dans la nuit : "Comme ça m’ennuie de mourir!…." Mais eût-elle aimé vieillir ? Les Orientales s’alourdissent si fort !» L’écrivain luit dans ses clichés.L’un des assassins sera guillotiné.

L’idée centrale du livre est que la race, les racines, ici la région lorraine, fixent l’essence des individus. L’éducation républicaine naissante, avec son modèle universel «kantien», détruirait cette essence : seuls les forts peuvent s’y retrouver. Les Déracinés résonnent étrangement dans la France de 2010. Voici l’état d’esprit des élèves, selon Barrès : «Ces vastes lycées au dehors de caserne et de couvent abritent une collectivité révoltée contre ses lois, une solidarité de serfs qui rusent et luttent, plutôt que d’hommes libres qui s’organisent conformément à une règle. Le sentiment de l’honneur n’y apparaît que pour se confondre avec le mépris de la discipline.» Tout a changé, mais rien ne change.

1897 est l’année où Barrès écrit dans ses Cahiers : «Elle mûrit lentement en moi, cette grande idée d’opposer aux hommes dont je sens l’insondable ignominie (ils sont tels parce que telle est la nature humaine) une systématique politesse et jamais les mouvements de ma sincérité. La réprimer, l’écraser à coups de botte.» C’est le moment où débute l’affaire Dreyfus : l’écrivain devenu politicien choisira de soutenir le mensonge d’Etat, moins par conviction que par mépris. Le mépris périme tout, hommes et œuvres.

Tirade. C’est ce qui explique la fêlure du livre. On sent vivre un styliste qui renonce à l’amour de ses personnages, sans cesse jugés, pour rabattre son génie sur le combat politique. Sa puissance littéraire se soumet à ce que Mauriac appelle «le harnachement idéologique barrésien». Petit étalon couvert de cuir et de pompons, il change sans cesse de registre et d’allure : à l’opposé de Flaubert, il mélange sans les unir le récit, la chronique, le reportage, la tirade en surplomb. Ce bric-à-brac désaccordé marque la fin d’une époque où la forme romanesque accueillait tous les rêves, tous les pouvoirs. Les Déracinés a tout l’éclat d’un renoncement.

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