Bartillat Edition
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C

ISBN : 2-84100-384-1
Parution : 04/09/2006
Prix : 14 €
200 pages
Format : 12,5 x 20

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Colère d'Achille (La)
Charles Ficat

Achille, le héros grec, est aux Enfers, longtemps après la guerre de Troie. Mort, il chante sa propre vie pour tuer son ennui et se rappeler la valeur de l'existence, lui qui préférait mourir jeune dans la gloire plutôt que vieillir tristement. Tous les grands épisodes de cette vie mythique sont racontés en douze chapitres construits sur la forme du monologue. Achille est une figure contemporaine, qui cristallise une fureur de vivre, une impossibilité à se soumettre à un ordre établi.



Résumé

Enfermé dans l’éternité de la Mort, le plus vivant des héros antiques, Achille, l’homme de colère, revient en poète qu’il fut sur sa vie comme à la recherche d’une cause à son déclin inattendu et, disons-le, assez injuste au regard des exploits accomplis : mourir par le trait qu’un lâche du haut d’un tour vous tire dans le talon n’est pas la fin espérée — si tant est — par le héros.
« Ni tout à fait un dieu ni tout à fait un homme, qui suis-je ? les demi-dieux sont mortels et leurs actes éternels. »
Né d’un homme et d’une Déesse, qui fut sa protectrice jusqu’à rencontrer un destin adverse au protecteur plus puissant, Achille est élevé pour servir des valeurs de noblesse et de courage. Disciple de Chiron, le centaure légendaire, il apprend la nature, les règles et les devoirs envers tout ce qui vit et forme l’harmonie du monde, il apprend la joie de l’effort, de la course, l’art de combattre. Puis il part à la cours de Lycomède à Skyros, où déguisé en fille il va recevoir l’enseignement des sages, y rencontre par le jeu et la surprise des corps son épouse de cœur — Déidamie — et très tôt, destiné à emporter les Myrmidons ses soldats dans l’Histoire, il est appelé par les guerres qu’Agamemnon mène et qui conduisent devant les remparts de Troie.
« La colère n’en finit pas d’embraser la vie, d’enflammer les forêts, de briser les glaciers. Elle nourrit le désespoir et fait renaître l’homme à lui-même. »
Des milliers de morts pour une femme, aussi sublime soit-elle, Achille ne comprend pas, refuse et manque occire Agamemnon et finalement décharge sa colère en fauchant la vie des hommes. Il a quitté sa femme, ne voit pas grandir son fils, a perdu son ami fidèle et s’est vu retirer sa compagne de lit pour satisfaire quelque plan politique écœurant, plus rien sinon les Parques ne peut arrêter son bras. La colère, incarnée en un tourbillon qui déferle, sera l’offrande d’Achille à la vie. « Je n’ai voulu montrer que la noblesse de l’homme. »
Au-delà du récit proprement biographique par lequel Charles Ficat trame son roman, c’est de valeurs qu’il est question ici. Et de valeurs aujourd’hui déconsidérées, comme l’ardeur, la noblesse, l’engagement. Si Achille jouit de la protection divine, ce qui en effet n’est pas négligeable, son engagement auprès des hommes est total, il est d’autant plus un homme qu’il se consacre à la vie.
« Les héros puisent réconfort dans le verbe. Qu’est-ce que la victoire sans poème ? Une péripétie… »
Charles Ficat réussit là un roman tout à fait prenant, au style assez hiératique pour donner une juste image de son héros sans toutefois imposer une lecture ardue, tout est ajusté, poétique, et donne un modèle pour l’homme de demain. Gageons que la saine colère d’Achille soit également prophétique, car la colère libère l’homme de ses entraves et le conduit à son destin, en une apogée digne. Achille, au fond de sa rancœur de n’être plus, gardera en poète les traces de sa destinée, dont il donne, par la voix de Charles Ficat le bien inspiré, un récit digne de la Muse.
Loïc Di Stefano

Presse

La colère d'Achille de Charles Ficat est sélectionné sur la première liste du prix Renaudot 2006 : http://www.prix-litteraires.net/renaudot-selection-2006-1.php

Interviuw Boojum 2006 :
Boojum. D'où vous vient ce long monologue d'un Achille aux enfers se remémorant sa vie ? était-ce le moyen de romancer la biographie de ce personnage antique après avoir consacré un essai biographique à Rimbaud ?
Charles Ficat. Dans l’Iliade, après la fameuse scène de la colère, Achille se retire dans sa tente, saisit sa cithare et chante les exploits des héros. Le guerrier se fait poète et célèbre les hauts faits d’armes, parce que les vies sont aussi des œuvres. Lorsqu’Ulysse descend aux Enfers, il rencontre Achille qui se lamente et regrette la vie :
« Ne cherche pas à m’adoucir la mort, ô noble Ulysse ! J’aimerais mieux être sur terre domestique d’un paysan, fût-il sans patrimoine et presque sans ressources, que de régner ici parmi les ombres consumées… »
Je l’ai imaginé tel un Orphée mortel se célébrant lui-même pour tuer l’ennui qui le ronge. Voilà longtemps qu’il n’y avait eu de poème achilléen. Ce roman rappelle la la force du mythe dans son ensemble au-delà des seules œuvres homériques.
L’essai sur Rimbaud, thématique, explorait avant tout une œuvre somptueuse et fragile dans ses mille éclats. La Colère d’Achille exalte la vie à partir du récit d’une vie, de sa conception à sa fin, brutale dans le dénouement.
Boojum. Pourquoi Achille ? qu'est-ce qui vous ressemble ou vous attire en lui ?

Charles Ficat.
Achille rejoint nombre de mes préoccupations : la jeunesse foudroyée, la révolte contre les élites, la guerre, la poésie, la beauté et la force du corps. S’intéresser à lui revient à rejoindre l’aube de l’humanité. Son caractère représente un modèle humain au même titre qu’Ajax, Ulysse ou Hector. Toute époque réinvente les mythes. J’ai voulu saisir Achille dans sa puissance et son intensité.
Boojum. Dans votre roman, Achille est mû et survit dans l'éternité par la colère. Ne peut-on pas, comme Sisyphe, imaginer Achille heureux ?
Charles Ficat. Le témoignage si précieux d’Homère le confirme triste et dépité dans l’Hadès. Son insatiable appétit de vie engendre une frustration sans fin. Il se complaît  seulement dans l’excès. La mort venue, le « trop » dont il se nourrissait devient impossible. Achille ne connaît pas les « frontières » de l’humain, délimitées par Goethe dans un de ses poèmes.
Boojum. Vous écrivez : «La colère nourrit le désespoir  et fait renaître l'homme à lui-même»c'est un credo ?  Charles Ficat. La colère n’est pas toujours bonne, mais elle est nécessaire : elle ne peut pas ne pas être, puisqu’elle était au commencement de la littérature du VIIIe siècle avant J-C : « Chante, déesse, la colère d’Achille, le fils de Pélée… » Il faut compter avec elle et la retourner en rédemption. La colère est une épreuve et une rédemption.
Boojum. Vous comparez les Myrmidons - les soldats d'Achille - aux fourmis, de façon élogieuse. Une marotte, les fourmis ?
Charles Ficat. Une tendresse particulière m’incline vers les fourmis, dont j’admire le courage, l’ardeur, l’indestructible longévité : le plus ancien insecte de l’Univers. A Hiroshima, elles ont survécu au bombardement nucléaire. Les fourmis traversent la littérature. Par une fable, La Fontaine a porté un rude coup à leur réputation, mais son jugement ne le mène pas toujours à en faire une représentante de l’esprit petit-bourgeois. Quant aux Myrmidons, ils sont d’immenses guerriers.
Boojum. Sur des personnages clés de l'histoire, vous portez via Achille un jugement très dur, notamment sur Agamemnon. Pourquoi cette sévérité ?
Charles Ficat. Attaquer Agamemnon, c’était insister sur le déchirement qui consiste à appartenir à un camp, dont on méprise les chefs. Le titre reprend le terme de « colère ». C’était une façon de le justifier au regard de la vie d’Achille qui compte aussi d’autres épisodes importants : l’éducation du centaure Chiron, l’appel de Skyros, la fin de Penthésilée. Agamemnon incarne le symbole contemporain et éternel de la figure avide de son pouvoir qui méprise les êtres exceptionnels.
Boojum. Vous montrez un Achille tendre et poète qui part à la guerre pour obéir aux Dieux et à son destin. La guerre, ses batailles et ses décideurs sont maltraités, sauf quelques héros qui combattent. Vous avez fait un roman pacifiste ?
Charles Ficat. Vue par Eschyle ou Aristophane, la guerre est un malheur immense. Achille lutte par devoir et pour la gloire selon son humeur. La paix est aussi un combat. La colère d’Achille est enfin une quête de la paix intérieure, avec ses vertus apaisantes et lumineuses.
Props recueillis par Loïc Di Stefano

Le FIGARO: CHARLES FICAT Le mythe d’Achille, jouet des dieux, revisité sous la forme d’une introspection post mortem.

VOICI que des Enfers nous parvient la voix d’Achille. Le guerrier pleure sur sa destinée, simple jouet des dieux, de leurs jalousies et de leur vénalité tandis que lui n’aspirait qu’à la gloire. Il l’a gagnée, certes : son enfance auprès du centaure Chiron, ses faits d’armes, son duel contre Hector sont devenus légendaires. Mais il n’est pas rassasié. Charles Ficat nous livre une approche intérieure du héros. Il faut l’entendre clamer sa fureur, son mépris pour les hommes, hurler son goût pour le sang et la violence, mais aussi avouer sa passion pour Briséis, son chagrin à la mort de Patrocle et sa résignation à mourir, pour comprendre ce que signifie le courage. Lui qui était insensible à la vie lors de son passage sur terre la regrette. Car la vie, c’est l’action. Les phrases de Ficat sont courtes, elles claquent comme des ordres au combat. Le livre est tendu, à la manière d’une tragédie. Le cri d’Achille ne nous laisse pas insensibles parce qu’il a partie liée avec notre humanité malmenée.  La colère d'Achille de Charles Ficat - Bartillat, 172 p., 14 €.

http://www.passagedulivre.com/media/c-40061-356856669526151.mp3

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- D'acier et d'émeraude, 2004
- Clément Les carnets d'un jeune homme, 2003
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Actualités de l'ouvrage

- Charles Ficat sur France Culture, 2012
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